Défi 130 à la barre Lénaïg : Evasion, Herbe et béton, horizon

croqueurs

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de la communauté des Croqueurs de Mots

Pour ma participation au défi 130 mené par Lénaïg

J’ai ressorti de derrière les fagots

Une conversation entre Dieu et Saint François d’Assises

Qui aurait pu se faire entre

Fernandel et sa vache

Car Fernandel me fait penser immanquablement à Don Camillo

Et je l’imagine bien en conversation avec Dieu

De plus je trouve que ce texte rejoint bien

le thème proposé par Lénaïg

L’herbe et le béton

La vache et le prisonnier sur apln-blog

don camillo sur apln-blog

– Toi, François, qui t’y connais en nature et jardinage,

peux-tu me dire ce qui arrive aux pissenlits,

violettes, chardons et toutes les autres belles fleurs

que j’ai dispersées sur terre il y a des siècles?

J’avais prévu des espaces parfaits, sans entretien.

Mes plantes poussent dans n’importe quel sol,

supportent la sécheresse et se multiplient à profusion.

Le nectar de leurs fleurs attire des papillons,

des abeilles et des volées d’oiseaux aux chants mélodieux.

Je m’attendais à voir de vastes jardins multicolores.

Mais tout ce que j’aperçois autour des maisons ce sont des rectangles verts.

 

– Ce sont les tribus qui se sont installées là, Seigneur.

On les appelle les Banlieusards.

Vos fleurs, ils y voient des « mauvaises herbes »

et ils ne ménagent aucun effort pour les remplacer par du gazon.

 

– Du gazon? Mais c’est tellement ennuyeux et peu coloré!

Il n’attire ni les papillons, ni les abeilles, ni les oiseaux,

mais seulement des vers blancs, des pyrales et des punaises.

Pire, le gazon est capricieux et réagit mal aux écarts de température.

Ces Banlieusards veulent-ils vraiment tous ces tracas?

 

– Apparemment Seigneur.

Ils dépensent beaucoup d’argent et d’énergie

pour faire pousser leur gazon et le maintenir vert.

Ils commencent par appliquer des engrais tôt au printemps

et ils empoisonnent toutes les autres plantes

qui y montrent le bout du nez.

 

– Alors en début de saison,

lorsque les pluies et la fraîcheur font bien pousser l’herbe du gazon,

cela doit rendre les Banlieusards très heureux?

 

– Eh non, Seigneur. Dès que le gazon commence à pousser,

ils le coupent, parfois même deux fois par semaine.

 

– Ils le coupent?

Et ils en font des ballots, comme avec du foin?

 

– Pas vraiment Seigneur.

La plupart d »entre eux ramassent l’herbe coupée pour la mettre dans des sacs.

 

– Dans des sacs?

Pourquoi?

Est ce qu’ils les vendent?

Est-ce une récolte bien rentable?

 

– Pas du tout Seigneur.

Au contraire.

Ils payent pour qu’on vienne ramasser leurs sacs.

 

– Voyons donc, je ne comprends pas!

Tu me dis qu’ils engraissent le gazon pour qu’il pousse plus vite.

Et quand il pousse bien, ils le coupent et payent pour s’en débarrasser?

 

– Oui Seigneur.

 

– Alors c’est en été que ces Banlieusards doivent être contents,

lorsque nous diminuons les précipitations et lançons des canicules.

La croissance du gazon ralentit, ce qui doit leur sauver beaucoup de travail.

 

– Vous n’allez pas me croire Seigneur.

Quand le gazon pousse moins vite,

ils sortent le boyau d’arrosage pour pouvoir continuer

à couper et à remplir des sacs de gazon.

 

– C’est insensé! Mais au moins ils ont conservé quelques arbres…

C’était là une idée de génie de ma part, si j’ose dire.

Les arbres font pousser des feuilles au printemps

pour produire une magnifique parure et procurer de l’ombre en été.

En automne, les feuilles tombent au sol pour former un tapis naturel

qui protège le sol et les racines.

De plus, quand les feuilles se décomposent,

elles enrichissent le sol et nourrissent les arbres

pour faire de nouvelles feuilles.

C’est le parfait exemple du recyclage naturel.

 

– Vous êtes mieux de vous asseoir Seigneur.

Les Banlieusards ont imaginé un cycle différent.

Aussitôt que les feuilles tombent, ils les ramassent,

les mettent dans des sacs et payent pour s’en débarrasser là aussi.

 

– Mais voyons donc!

Comment font-ils pour protéger les racines des arbres

et des arbustes en hiver et pour conserver l’humidité du sol?

 

– Après avoir jeté les feuilles,

ils achètent quelque chose qu’ils appellent du paillis.

Ils se donnent du mal pour le rapporter chez eux

et l’étaler autour des arbres pour remplacer les feuilles.

 

– Ah?! Et où vont-ils chercher ce paillis?

 

— Ils coupent des arbres et les réduisent en petits copeaux.

 

– Assez! Je ne veux plus entendre pareilles inepties!

Sainte Catherine, toi qui est responsable des arts,

quel film as-tu prévu pour ce soir?

 

– « Les Sans-dessein ». C’est un film assez absurde sur les …

 

– Laisse faire, on vient de me raconter l’histoire!

 

Original anglais de Bud Chester,

adaptation française d’Edith Smeesters et de Thérèse Romer.

25 réflexions sur « Défi 130 à la barre Lénaïg : Evasion, Herbe et béton, horizon »

  1. iL est excellent ce dialogue ! C’est tout à fait ça !!! 😕 Moi je n’ai pas de gazon, mais des mauvaises herbes que je laisse tranquille, sauf les ronces et les orties… Je ne ramasse pas mes feuilles non plus, je les laisse pailler les rosiers pour l’hiver… Pauvres banlieusards qui n’ont rien compris à la nature… 🙂

  2. C’est si vrai, la seule chose qui diffère c’est depuis que j’ai acheté une nouvelle tondeuse avec une fonction mushing je ne ramasse plus l’herbe elle est réduite en poussière, génial cela fait de l’engrais et c’est beaucoup moins fatiguant de tondre. Quand aux feuilels d’arbre je les garde pour protéger mes bananiers l’hiver. Ton texte m’a amusée Domi. C’est une excellente idée

  3. -*- Ici dans ma bonne ville d’Hazebrouck (Flandre française) on ne tond plus à l’aveugle. Pour respecter la nature les tontes dites tardives permettent de protéger faune et flore. L’écologie passe par le bon sens… humain. Bravo pour ce beau texte. L*B-*-

  4. et les hommes n’ont tjs pas compris pourquoi il y avait des catastrophes ils continuent à détruire l’oeuvre de Dieu, s’il y avait une haie là, un talus ou autre il y avait une raison mais non maintenant un petit coin vide et une maison naît

  5. magnifique démonstration de l’absurdité qui règne dans l’esprit de la majorité de nos semblables. Nous l’herbe coupée reste à terre. les feuilles qui volent devant ma porte, je les balaie, les jette dans mon vieux panier pour aller les répandre aux pieds de leurs arbres. Ya que cette s=:;& 👿 @!!# de laurier, même pas rose, qu’on va défommer à la tronçonneuse et faire hacher menu menu 😈 😈 😈 😈
    bises d’ici

  6. marrant ce texte mais je rentre fourbue d’une bataille contre « les mauvaises herbes »les doigts plein d’épines de chardons et de ronces.. 👿 👿 👿

  7. Florence – Testé pour vous
    Bonjour Domi…oh oui, c’est exactement ça. Raconté par toi, c’est très drôle mais lorsqu’on y pense, c’est tellement absurde, mais si vrai…alors je laisse pousser les fleurs sur ma pelouse, mais c’est vrai qu’on tond…en revanche, je n’arrose pas l’été et je ne ramasse pas les feuilles…il faut dire que j’ai peu d’arbres, donc peu de feuilles. En revanche, ma pelouse (mais c’est plutôt de l’herbe), mes haies, etc etc poussent comme bon leur semble…un jardin un peu sauvage. J’ai des voisins, ils ont un gazon parfait…on se croirait sur un golf…tout est à sa place, pas une feuille plus haute que l’autre, tout est parfait…et c’est d’un chiant je trouve !
    En tous les cas, je me suis bien marrée en lisant ton dialogue..le bon dieu doit se retourner dans sa tombe très très souvent…ben si, il doit être mort, quand tu vois le bordel qu’il y a sur terre, s’il était vivant, il n’aurait pas laissé faire quand même !
    Bises Domi…et j’ai mis des chaussettes et une culotte cette nuit…y’a pas eu de courant d’air.

  8. 😯 🙂 Coucou commandant Dômi, lorsque je suis passée sur ton blog hier, tu n’avais pas encore posté ta superbe page que voici ! Je ne connaissais pas du tout ce dialogue, je voudrais avoir le temps de … creuser de ce côté, mais, hélas, je n’aurai pas le temps. Ah, magistral traitement du sujet, normal, de la part du commandant des Croqueurs 💡 😉 ! Quant à ma propre inscription ici, elle est en suspens aussi … Pas que je ne veuille pas, je n’ai pas réussi et n’ai pas encore réessayé … Merci de faire allusion à ma liste en chantier, contente qu’elle t’ait aidée mais maintenant c’est cette page qui va prendre le relais ! En effet, j’aperçois d’autres participation que je n’ai pas encore découvertes. Gros bisous.

  9. J’ai toujours adoré ces dialogues de Fernandel, merci de cette belle page pleine de bon sens, le Seigneur ne sait plus quoi faire pour rendre la raison aux siens !!!!!!

  10. C’est la triste vérité ! on ne connaît même plus les jolies fleurettes des champs et l’herbe folle; c’est pour cela que je n’aime pas les jardins « à la française ,  » trop ordonnés; je préfère les jardins à l’anglaise « où l’herbe folle a encore droit de cité; bravo pour ce dialogue très vrai ;bises

  11. Magnifique !
    Je suis entourée de ceux-là , qui râlent parce que j’ai des plantes à fruits pour nourrir les oiseaux et que çà fait des crottes sur leur béton . Ils n’aiment pas mes fleurs sauvages et les arbres semés par les oiseaux de passage . Je suis fière de MA nature , foi de Violette !:)
    Bises

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